Bertaimont, quartier martyr – Conférence de François Collette

Le 18/11/2009

Heurs et malheurs de l’urbanisation du quartier de Messines.

C’est au Bertaimont, actuellement au sommet de l’actuelle avenue de Gaulle, que se trouvait sans doute la barrière du péage des tonlieux prélevés sur les marchandises entrant en ville, venant par la route du Sud, la chaussée Romaine qui traverse Mons. La chaussée croise à cet endroit le chemin néolithique qui vient de Cuesmes et se prolonge vers Hyon par le chemin des Brasseurs. Ce hameau qui semble de grande ancienneté occupe le versant sud du Mont Héribus (lui-même sur la paroisse de Cuesmes). Le statut juridique du sol de cette partie du Territoire de Mons est incertain mais le Chapitre de Sainte-Waudru n’y exerce que des droits ténus, en comparaison de ceux qu’elle exerce sur le territoire voisin de Cuesmes. Le hameau de Bertaimont est séparé du Castrum de Mons par la cuvette (Trulleia) marécageuse de la Trouille dont les méandres s’étirent dans le Joncquois. Un Comte de Hainaut, sans doute de la dynastie des Bauduin, va se faire attribuer ces terres incultes par le Chapitre de Sainte-Waudru, il va canaliser la Trouille, installer un moulin et assécher le Marais puis il va lotir les bords de la rue qui va au Bertaimont pour permettre à la « villa » de se raccrocher au hameau.

 

 

Mais le centre du quartier se trouve toujours au pied du Mont Héribus, et c’est logiquement là, au départ de la chapelle d’un hospice préexistant que sera fondée, en 1227, la paroisse de Saint Nicolas … en Bertaimont. Mais le quartier sera coupé en deux lors de la construction de l’enceinte urbaine, à dater de 1292. Les habitants du Bertaimont demanderont, en vain d’être intégrés dans la fortification. Leur quartier prospère sera un quartier martyr, exproprié à plusieurs reprises pour les besoins des défenses de la Ville, rasé lors des sièges de 1572 et 1691. L’église paroissiale sera reconstruite intra-muros à côté du couvent des frères mineurs, juste le long de la terrée après ce dernier siège avant d’être oblitérée par la fortification hollandaise de 1822. Mais entre temps, l’église avait abandonné le patronage de Saint-Nicolas à raison de l’ombrage porté par l’autre église et s’était vouée à Notre-Dame de Messines qui s’installa dans l’église voisine des frères mineurs. Les milices bourgeoises en charge de la garde de la porte de Bertaimont avaient elles- mêmes élu Saint-Paul pour patron.

 François Collette

Rue de Bertaimont (Coll. Marie-Louise Choquet) (Fonds d’archives photographiques sur Mons d’André Faehrès)
Eglise de Messines (St Nicolas en Bertaimont) (Marcel Strack) (Fonds d’archives photographiques sur Mons d’André Faehrès)