Capsule 33
Les toits montois perdent de leur charme.
Comme Joëlle Bonaventure l’a rappelé dans ses capsules n° 8 et 12 « par-dessus les toits », de nombreux auteurs ont apprécié les toits de notre bonne ville de Mons et les ont magnifiés dans leurs textes. C’est encore le cas de Marcel Gillis dans son poème « Les cayaux », son testament spirituel (1970) : « I r’connaît les qu’minées, les gouttières, les vieux toits ; Chaque cayau qu’il aroque a bé l’accent montois »
S’ils revenaient, ces auteurs seraient bien surpris de découvrir la situation actuelle.
Le toit de l’immeuble abritant le magasin Primark, terminé fin 2019, dépasse tous les autres toits environnants et les écrase. Mais surtout il est surmonté d’une énorme cage métallique de couleur blanche renfermant les installations techniques de climatisation.
Comment les services de l’urbanisme de la Ville ont-ils permis une telle balafre au milieu des toits du cœur de la cité ?
Venant de France, le premier regard que l’on a sur la Ville en pénétrant par la rue de Bertaimont : c’est ce blockhaus technique blanc occupant le haut de la partie centrale de l’horizon. Ce n’est vraiment pas la bonne façon pour faire apprécier no biau p’tit trau ville.
Après s’être reposé sur un banc de la place de la Grande Pêcherie, pour rejoindre les commerces du centre ville, il faut passer par la rue du Grand Trou Oudart et là, la vision est encore plus déplorable : la base du beffroi, symbole de la Ville, est complètement cachée par cette structure technique blanche et par le haut toit sous-jacent.
Du haut d’un immeuble du boulevard Albert-Elisabeth, on découvre encore mieux cette rupture dans l’harmonie des toits montois que des auteurs prestigieux comme Victor Hugo et Paul Verlaine avaient vantés.
Actuellement, ce nouveau manque d’intégration urbanistique au sein de la ville de Mons nous ramène à la triste période des années 60 – 70 où de graves erreurs architecturales avaient été commises. Et les Montois avaient dit plus jamais ça !
Les nouveaux projets architecturaux envisagés : NOVA Mons, entre la rue de la Raquette et la rue Boulangé de la Hainière ; Belfius, à l’avenue Jean d’Avesnes ; à l’avenue Maistriau et à la faculté d’architecture de l’Umons, à la rue d’Havré sont très préoccupants. Tous ces projets dérogent sur de nombreux points au règlement communal d’urbanisme. S’ils aboutissent, la ville de Mons perdra beaucoup de son cachet historique.
Les Montois doivent réagir et les autorités communales comprendre leurs erreurs. Il est encore temps pour refuser ces projets tel que présentés et ainsi d’éviter ces constructions pharaoniques afin de sauver le charme du bâti montois.
André Faehrès