Notre projet

La Maison de la Mémoire de Mons s’est constituée en 1987, sous la forme juridique d’une association sans but lucratif.

Son objet social est de « favoriser, dans la région de Mons, toute initiative en vue de stimuler des relations dynamiques des hommes avec leurs mémoires, de concevoir et de réaliser le transfert des mémoires antérieures sur supports nouveaux, et d’entreprendre la construction des mémoires d’aujourd’hui à l’intention des générations futures » (Moniteur Belge, 10/10/1987).

L’intuition du fondateur

Le projet des Maisons de la Mémoire est né en 1985 sous l’impulsion d’Albert d’Haenens, professeur à l’U.C.L., qui partait de ce constat : nous sommes sortis de l’ère de la scribalité, ère de l’écriture. Nous nous engageons dans l’ère de l’électronalité, ère des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Nous sommes en train de vivre une transformation culturelle d’une intensité telle que nos relations au réel s’en trouvent bouleversées. Le souci n’est pas que les mémoires collectives vivent : elles le font, mais sans lien avec l’antériorité longue. Cette rupture brutale menace de ne plus nourrir les hommes dans les parties essentielles d’eux-mêmes que sont le sentiment de leur propre identité et celui de leur appartenance à une communauté.

Que deviendront ces relations tissées par des moyens de communication lents, qui nous permettaient de donner sens et pertinence à nos vies ?

Notre entreprise se devra de redonner une place au temps dans la constitution de notre imaginaire individuel et collectif.

Le projet global

Dans sa réflexion sur la mémoire collective, la Maison de la Mémoire n’est pas à la recherche du passé mais du présent. Elle tente de comprendre les enjeux du monde dans lequel nous vivons. Un monde devenu complexe et qui semble déboussolé, au sens propre du terme.

Comprendre, réfléchir ensemble, se déprendre de la domination des bruits médiatisés, relier la sphère générale et la réalité locale, telles sont ses préoccupations majeures.

Elles s’articulent sur la mémoire collective. Réalité inépuisable et kaléidoscopique, la mémoire est en même temps produit et matériau. Elle est produit du vécu antérieur mais également matériau à partir duquel nous pouvons vivre le présent et inventer des avenirs inédits. Frottée à toutes les mémoires d’ici et d’ailleurs, la Maison de la Mémoire redit la richesse d’être homme inscrit dans le temps.

Le projet concret

La Maison de la Mémoire ne peut se définir que comme une dynamique permanente, un mouvement perpétuel, un ensemble de relations.

Dans un monde fondamentalement pluriel, elle invente comment tisser entre elles toutes les formes d’expression : la recherche des uns, les témoignages des autres, la création artistique, la parole vivante des conteurs, l’écriture, la musique, les expositions, la découverte d’espaces de vie ou de personnalités,…

Elle ne peut faire l’économie d’une réflexion et d’une action sur les technologies nouvelles, qui imposent désormais le transfert des mémoires sur des supports sans cesse renouvelés.

Concrètement, la Maison de la Mémoire propose aux personnes extérieures des cycles de manifestations et elle offre à ses membres d’ouvrir des chantiers de recherche et de création. Elle a donc deux visages interreliés : groupe de réflexion et lieu d’action culturelle tourné vers nos contemporains.

L’espace

La Maison de la Mémoire est d’abord une maison, un lieu habité.

Ce fut d’abord le couvent des Capucins, jusqu’en 2000, puis celui des Sœurs Noires.

Cette prédilection pour les couvents ne relève pas de la simple opportunité. Elle procède d’une conviction forte, à savoir qu’un lieu n’est jamais neutre mais oriente l’existence de ceux qui y vivent. Les couvents furent bâtis comme espaces de vie communautaire, fondés sur un projet qui donne sens à l’existence et qui permet à des gens qui ne se sont pas choisis de vivre ensemble.

La Maison de la Mémoire a le souci des lieux qu’elle habite : elle les fait vivre, les rend compréhensibles et chaleureux.

Habiter un couvent, c’est respirer l’esprit des lieux, le voir et le vouloir comme horizon transcendant, pour soi et pour les autres.

Le groupe porteur

La Maison de la Mémoire est animée par un groupe porteur d’une quinzaine de personnes, toutes bénévoles.

Tablant sur l’amitié plutôt que sur la concurrence, celles-ci aspirent à construire leur culture, dans une collégialité fraternelle et une simplicité chaleureuse.

Foyer de démocratie culturelle, le groupe porteur prend en considération les aspirations de chacun de ses membres et s’efforce de les faire aboutir.

Chacun des membres du groupe prend en charge une responsabilité au niveau d’un secteur, d’un cycle, d’un chantier…

Les partenariats

Pour mettre en oeuvre son projet, la Maison de la Mémoire établit des partenariats.

Et d’abord avec les Fucam, propriétaires des lieux depuis leur rachat aux Sœurs Noires en 1986. Les Ateliers des Fucam  se définissent comme espace de formation continuée. Mais en accueillant la Maison de la Mémoire, ils soulignent leur souci d’y faire vivre l’esprit des lieux et d’en stimuler la dynamique culturelle.

D’autres partenariats peuvent être noués, permanents ou temporaires, avec des personnes, des associations ou des institutions.

Le partenariat ne relève pas de la simple commodité. Il comporte une volonté, vitale pour la démocratie, de collaborer, au sens fort du terme, c’est-à-dire de travailler ensemble.

Les activités

Outre les réunions mensuelles du groupe porteur, lieu de réflexion et d’organisation, la Maison de la Mémoire gère à la fois des cycles de manifestations et des chantiers de recherche et de création.

Les cycles de manifestations sont destinés aux personnes extérieures. Il s’agit de :

  • Palettes : expositions d’artistes dans le cloître
  • Paroles : nuits du conte, ateliers d’écriture
  • Patrimoine : conférences sur l’histoire locale, séminaire de sociogénétique
  • Pavillons : concerts à la chapelle, principalement d’art choral
  • Parcours : expositions thématiques
  • Périples : excursions à la découverte d’un village, d’une expo, d’une personnalité.

Les chantiers de recherche et de création sont en destinés  aux membres du groupe porteur. Pour l’instant, les principaux sont :

  • Publications : bulletin de liaison Interface,  livres sur le patrimoine
  • Fonds d’Archives Photographiques sur la ville de Mons : mise en valeur
  • Fonds Goddiarch : mise en valeur de la collection artistique du  Goddiarch
  • Mémoire des lieux : développement d’un parcours mémorial à travers les Ateliers
  • Demeures privées : étude des maisons montoises à travers le temps
  • Chaussée romaine : contribution à sa sauvegarde et à sa mise en valeur
  • Secrétariat, archives, communication, Internet (SACI)

La fondation

En 1985, le Professeur Albert d’Haenens (Université Catholique de Louvain) propose la création de Maisons de la Mémoire.

Le Professeur Albert d'Haenens

« Ce qui, aujourd’hui, change tout, c’est le type de relations à l’antériorité que mettent désormais en œuvre nos mémoires collectives. Ces relations sont de plus en plus abstraites et abstractives. Elles excluent la durée. (…)

Le code scribal avait sacralisé la durée; le code électronal la rejette absolument et impose son contraire. Aux pratiques et au sentiment de la durée se sont substitués une consommation qui épuise l’objet, une logique du déclassement par l’âge, un impératif incessant de renouvellement. (…)

Notre entreprise est de créer de nouveaux moyens d’intégrer le temps à l’imaginaire de notre monde. (…)

Les Maisons de la Mémoire sont d’abord des lieux significatifs pour la communauté : maison, cure, ferme, église, école, maison communale, etc… (…)

C’est là que sont organisées des relations à des contenus de mémoires telles que des expositions ou des programmes audiovisuels. Nous voudrions que ces manifestations soient, surtout, l’occasion d’échanges entre les générations. C’est bien la relation, l’essentiel du projet. »

(Françoise HIRAUX, Des Maisons de la Mémoire pour intégrer le temps à l’imaginaire de notre monde, CRCH, Louvain-la-Neuve, 1987).

A Mons, un groupe d’une douzaine de personnes décide de tenter l’aventure en 1986 et constitue une asbl l’année suivante.

Au couvent des Capucins

La première tâche de l’équipe montoise – tous des bénévoles – fut de trouver un espace pouvant abriter la Maison de la Mémoire. Finalement, par l’entremise de l’Abbé Jacques Attout, responsable diocésain des médias et membre fondateur de la Maison de la Mémoire, la communauté des Pères Capucins accepta de nous céder, pour un loyer symbolique, l’aile de façade du couvent de la rue Masquelier.

Bien qu’assez austère – les Capucins sont des Franciscains – ce couvent présentait des espaces préservés, très attachants, notamment la chapelle, le chœur des religieux, le réfectoire et surtout la bibliothèque. Mais le bâtiment avait vieilli. Il fallait donc le rénover.

Faute de moyens financiers, l’équipe retroussa ses manches et se mit elle-même au travail, réaménageant entièrement la Salle du Tiers-Ordre. Elle fut soutenue par la Banque du Crédit Commercial, qui permit ainsi le lancement du projet. Plus tard, l’équipe mit en chantier la restauration de la bibliothèque, qui devint particulièrement remarquable.Les manifestations démarrèrent rapidement, notamment avec l’exposition Sainte Waudru, mémoire millénaire, à l’occasion de laquelle fut mise en vente une reproduction artisanale d’une statuette de la sainte. Cette exposition fut suivie par bien d’autres et par de multiples activités telles que des conférences, des excursions, etc…

capucinsmottoul
Le couvent des capucins.
Aquarelle de Joseph Mottoul

La transition

La communauté des Pères Capucins rétrécissait d’année en année. Il fallut bientôt songer à regrouper ses membres. A la fin des années 90, la décision fut prise de vendre le couvent.

Deux candidats se mirent sur les rangs, dont la Ville de Mons, qui souhaitait créer entre les rues voisines un passage par le jardin du couvent. Ce fut celle-ci qui l’emporta.

La Maison de la Mémoire remit alors un projet d’affectation du bâtiment. Il s’agissait de créer un Forum culturel, Les Capucins, consacré au monde associatif. Le rez-de-chaussée aurait comporté des espaces et des équipements pour les usagers, les étages étant réservés aux associations résidentes. Usagers et résidents auraient eu l’obligation de mettre sur pied un projet commun par an. Avec un seul permanent, les cotisations des associations et un subside limité de l’échevinat de la Culture, le projet était viable à peu de frais. Il aurait rendu service à nombre d’associations.

Le Collège échevinal ne répondit jamais à cette proposition, qui avait pourtant fait l’objet d’un dossier. Il préféra affecter le lieu à un projet de prestige : le Centre des Ecritures Dramatiques de la Communauté Wallonie-Bruxelles. A peine mis sur pied, celui-ci dut renoncer, faute de moyens adéquats.

Entretemps, la Maison de la Mémoire avait reçu par courrier un préavis la priant de quitter les lieux. C’était en 1999. La Maison de la Mémoire se retrouvait SDF.

Quant au couvent des Capucins, il fut mis en vente par le nouveau Collège échevinal. Il attend toujours un acquéreur et se dégrade d’année en année. Ainsi s’en va le patrimoine…

Au couvent des Soeurs Noires

Le projet

La Maison de la Mémoire attendit les propositions de reclassement promises par la Ville. Il n’y en eut qu’une seule : l’ex-couvent des Sœurs du St-Sacrement, en bien mauvais état. La Ville ne souhaitant pas y faire les travaux nécessaires, les choses en restèrent là.

Entree

Heureusement, deux hommes allaient nous aider à retrouver une résidence plus que décente. M Jacques Drousie, ancien Recteur des FUCaM et Président de Sauvegarde et Avenir de Mons, et M. Jean-Emile Charlier, Directeur des Ateliers des FUCaM, nous proposèrent de nous installer dans l’ancien couvent des Sœurs Noires, devenus Ateliers des FUCaM. Un nouveau Recteur prenait à ce moment ses fonctions : M. Christian Delporte, qui accepta avec enthousiasme.

Depuis, un partenariat fructueux s’est créé entre les FUCaM et la Maison de la Mémoire. Celle-ci a rendu au couvent des Sœurs Noires une vocation culturelle permanente, qui s’exprime notamment par de nombreuses expositions ainsi que par un souci de revitaliser la mémoire du couvent.

La Maison de la Mémoire remercie les FUCaM pour leur confiance et leur collaboration de tous les instants. Elle remercie aussi le personnel des Ateliers pour son accueil et son aide.