10 février 2021 | Actualités, Capsules

Capsule 1

Vous avez dit « capsule »?

Si on vous dit « Capsule » !
Le mot est courant. Chacun le comprend.

À sa manière cependant car son sens dépend du contexte dans lequel il est utilisé.

A chaque bouteille sa capsule.

A chaque bar son décapsuleur.

Et la capsule de la bière n’est pas celle du champagne.

Mais elles ont toutes deux leurs collectionneurs.

Houston, we have a problem (en fait Okay, Houston, we’ve had a problem repris dans Uh, Houston, we’ve had a problem … et vous entendez, prononcée tranquillement, la phrase des astronautes d’Apollon XIII (dans leur capsule en détresse).

Et à quoi croyez-vous que la capsulite fait référence ?

Le pharmacien vous dira que la capsule n’est pas une gélule … et inversement bien sûr.

Le coquelicot, tout comme la balsamine, a, lui aussi, sa capsule craquante.

Et l’Anglais ne vous comprendra peut-être pas si vous ne dites pas bottle cap ou bottle top.

Quant au Québécois, empruntant à l’Anglais qui l’a lui-même piqué au Françaisqui, lui-même, l’a repris au latin savant des médecins du bas moyen âge, que comprendra-t-il d’autre que brève description ou announcement. Et cela sur support vidéo s’il est tout à fait up to date.

Savez-vous enfin qu’internet vous vantera la capsulerie de Mons ou vous invitera à vous associer aux placomusophiles, autres patients contagieux.

La langue ne cesse de glisser sur les mots en se jouant d’eux. Et dans ce jeu, le traducteur est souvent un peu traître.

Au départ, il y a la simple caisse ou, plutôt la cassa des latins. C’est un peu ce que les écoliers, les héritiers les plus fidèles peut-être, appelaient leurs casses. À Mons, on met ses verres dans une casse à lunettes. Sans doute, le mot est-il venu à pied à travers les âges, ignorant les dictionnaires et les pièges de l’orthographe, passant d’une génération à l’autre, et toujours de bouche à oreille.  C’est ainsi que fur (de « au fur et à mesure ») n’est autre que le fil naturel du forum.

Le provençal en a fait la capsea (allez savoir pourquoi !) avant que les médecins du bas moyen-âge, et Rabelais en tête, grands bricoleurs de mots, n’en fassent dans leur latin de savants le nom d’une petite cavité ligamenteuse qu’ils désignent ainsi sous le nom de capsula.

Le mot est lancé et se montre pratique pour désigner toutes sortes d’objets qui ont plus ou moins d’analogie avec une petite boîte (le –ule ou –cule étant un diminutif bien pratique également emprunté au latin). Du modeste objet fermé, on passera à ce qui sert à le fermer. Et, de cette manière, de la gélule à la pastille de métal solidement emboutie sur le goulot de la boisson alcoolisée.

On l’a dit déjà, les Anglais raffolent de la bière et des caps. Leurs médecins adoptent en même temps la capsula qui ne demande qu’à se répandre dans les oreilles du bon peuple. Court exercice de teasing en haut d’une page, le chapeau (remarquez cette troublante parenté) s’en est-il mêlé. À moins que ce ne soit l’art de placer des encadrés pour faciliter ka lecture de certains magazines et autres journaux publicitaires. La capsule décolle de son usage matériel et s’envole dans la sphère médiatique. Elle sera dès lors aussi « une brève note sur un sujet donné, rédigée par un spécialiste et destinée à un public dont on éveille ainsi la curiosité ».

EN FAIT, CECI EST-IL UNE CAPSULE ?